Littérature Hommage à l’écrivain et militant de la cause amazigh Malek Ouary
7e anniversaire de sa disparition Malek Ouary, écrivain et romancier d’expression française a tiré sa révérence un certain 21 décembre 2001 à Argelès-Gazost, dans les Pyrénées Orientales en France, dans l’anonymat le plus total à l’âge de 85 ans. Il était parti sans crier gare comme il a toujours vécu. L’indifférence officielle a fait le reste…
Né le 27 janvier 1916 à Ighil Ali, Béjaïa, où il fait ses études primaires avant de se lancer dans le journalisme à L’ORTF après ses études supérieures finies à Alger. En 1958, il a dû quitter son pays natal pour s’installer définitivement en France avec sa famille.
A l’instar des autres écrivains de sa génération : Mammeri, Feraoun, Dib et les Amrouche… qui ont marqué l’histoire de la littérature algérienne d’expression française d’une empreinte indélébile, Ouary tente de redonner, dans ses romans, la voix aux opprimés et le droit de cité au peuple algérien meurtri dans sa chair avant et après l’acquisition de l’Indépendance. L’ossature de son œuvre majeure, composée de cinq publications seulement, est bâtie presque exclusivement sur ces thèmes, à savoir dénonciation de l’injustice et réappropriation d’une identité et d’une culture confisquées. Par les Chemins d’émigration (Reportage) précédé de Collier d’épreuves, paru à la Société algérienne de publications, Alger, 1955, comme son titre l’indique, est un reportage sur les affres et les douleurs de l’émigration algérienne en France : déchirements, séparations forcées, déculturation, misère, exploitations sous toutes ses formes, ignorance, maladies…
Une année après, en 1956, il a publié son premier roman intitulé Le Grain dans la meule, aux éditions Correa, à Paris et réédité par Bouchène, à Alger en 2000. C’est l’oeuvre qui l’a révélé au grand public puisqu’il fût adapté à l’écran en Algérie dans les années 70. Poèmes et chants de Kabylie, Saint Germain des Prés, Paris, 1972, édition bilingue, demeure l’une de ses meilleures œuvres et un succès indéniable tant par son contenu que par sa contribution à la sauvegarde de l’oubli d’un pan important de notre patrimoine culturel oral. Il a pu, à travers ce recueil d’une cinquantaine de pièces inédites, redonner voix au chapitre à la culture ancestrale. En 1981, il rend public chez Garnier, Paris, son deuxième roman, La Montagne aux chacals chez Garnier à Paris, avant de récidiver en 2000 par La Robe kabyle de Baya, roman paru aux éditions Bouchène.
En dépit de son long exil, Malek Ouray n’a jamais rompu les liens ombilicaux qui le liaient solidement à son pays et à sa culture d’origine car il a toujours mis son savoir, son savoir-faire et son expérience au service de l’amazighité en collaborant aux travaux initiés par l’Inalco (Institut national des langues et cultures orientales) de Paris au profit de tamazight. Il était également en contact permanent avec son village natal d’Ighil Ali, notamment avec l’association Taos Amrouche du même village. Pour rappel, les Ouary et les Amrouche étaient cousins et parents.
Sa dépouille repose actuellement à Argelès-Gazost, en France.
Bibliographie:- Par les chemins d’émigration (Reportage) précédé de Collier d’épreuves, Société algérienne de publications, Alger, 1955.
- Le Grain dans la meule, roman, Correa, Paris, 1956, Bouchène, Alger, 2000.
- Le Mouton de la fête (conte), Dialogues n°3, juillet-août 1963.
- Poèmes et chants de Kabylie, Saint-Germain des Prés, Paris, 1972.
- La Montagne aux chacals, roman, Garnier, Paris, 1981.
- La Robe kabyle de Baya, Roman, Bouchène, Paris, 2000
Par: Djamal Arezki
Source: La Dépêche de Kabylie du 11.01.2009