De jeunes algériens découvrent le nouvel Eldorado
Ils veulent s’engager dans la Légion étrangère
Ils sont d’Alger, de Annaba, de Guelma, de Constantine, de Skikda, d’El Tarf, de Souk Ahras… à s’échanger l’adresse du site internet officiel de recrutement de la Légion étrangère. D’un simple clic, le rêve s’entame et s’installe dans les esprits à la lecture de l’offre présentée pour le recrutement dans ce corps militaire sans qu’aucune condition, hormis physique, ne soit exigée, y compris celle inhérente au niveau d’instruction. « Quelles que soient votre origine, votre religion, votre nationalité. Quels que soient vos diplômes et niveau scolaire.
Quelle que soit votre situation familiale ou professionnelle, la Légion étrangère vous offre une nouvelle chance pour une nouvelle vie », peuvent lire les jeunes Algériens sur le site d’accueil de la Légion étrangère. C’est la juste mesure d’autant plus qu’ils seront blanchis et nourris comme légionnaires, jusqu’au grade de caporal inclus, soit 2 à 4 ans. Pour eux, c’est un palliatif des risques que représente la tentative souvent périlleuse des harraga. Aucun obstacle donc à franchir si ce n’est celui du visa. Là encore, une facilité tacite est de mise. Il suffit de présenter un dossier dans lequel le candidat affiche l’ambition d’être sous le drapeau de la Légion française, être programmé au test, avoir plus de 17 ans et moins de 40 ans et un billet aller-retour (le retour est prévu en cas de non-admission) et le tour est joué. Muni d’un visa, les jeunes candidats iront subir les épreuves dans l’un des deux centres de présélection d’Aubagne ou de Paris. Pour « les chanceux », ils iront rejoindre l’un des onze régiments comptant globalement 7700 hommes engagés dans les rangs de la Légion étrangère et issus de 136 nationalités dont celles représentant les pays du Maghreb. Après formation selon la spécialité, les recrues seront affectées dans différents pays marqués par des conflits militaires tels le Kosovo, la République de Côte d’Ivoire, l’Indonésie, l’Afghanistan, la République de Centrafrique, le Liban, le Tchad ou Haïti avec un salaire de départ de 1043 euros. Les plus veinards assureront des missions intérieures telles que celles de Vigipirate, d’assistance aux populations sinistrées,etc. « J’ai été à Aubagne pour y subir le test de logique ne faisant appel à aucune connaissance scolaire, une visite médicale approfondie, des épreuves sportives, des entretiens de motivation et de sécurité ainsi que des tests de personnalité. Malheureusement, je n’étais pas concluant sur le plan physique, car je présentais une défaillance cardiaque que je viens de découvrir. Mon frère moins âgé que moi a, quant à lui, été retenu. Autant d’ailleurs que plusieurs Algériens et Marocains qui ont subi des épreuves concluantes. Ils sont plusieurs dizaines de jeunes candidats qui se disent être des diplômés, mais en chômage. D’ailleurs, je leur souhaite une bonne chance », avouera R. Mohamed, un jeune de 35 ans, habitant la cité populaire Didouche Mourad de Annaba. Cependant, leur mission n’est pas une sinécure. Les jeunes Algériens courent un risque mortel tant qu’ils auront à servir la France là où elle est présente, notamment dans ses anciennes colonies.
M. F. Gaïdi/Edition du 27 mai 2008/ El Watan