Il est mort le 03 janvier 2005: Brahim Izri, une voix de légende Le public kabyle découvrira le chanteur en écoutant la chanson “Dacu yi” sur les ondes de la Chaine 3.
En France, il enchaine les galas et multiplie les collaborations dont une, avec le chanteur Français Renaud dans un album qui ne verra jamais le jour. Mais Brahim, ne tarda pas à s’en lasser du milieu des paillettes, et changea carrément de métier pour devenir alors chauffeur de taxi à Paris.
Cela fait cinq années que la légende de la chanson kabyle nous a quittés. Brahim Izri, l’enfant prodigue d’At Yenni, né, un jour de Yennayer 1954, s’est éteint le 03 janvier 2005, suite à un cancer, à Paris, alors qu’il venait d’entamer à peine la cinquantaine. Il sera enterré parmi les siens, à la Zaouïa de Cheikh Belkacem.
Brahim Izri est né pour faire de la musique qui est une histoire de famille. Son grand-père, le Cheikh Belkacem était passionné de flûte et du violon avant de fonder l’importante Zaouia, une confrérie religieuse, où les chants et les psalmodies occupent une place presque sacrée, donc il était plus qu’évident que Brahim suive les traces de ses aïeux.
Brahim a fait partie de la génération des chanteurs engagés kabyles depuis les années
soixante-dix, où l’espace musical fut exploité comme un moyen de revendication linguistique et identitaire. En effet, c’est au lycée qu’il monta son premier groupe “Iggudar” “les aigles”, qui, disons-le, n’a pas connu un grand succès.
Et les années passèrent, et en 1983, il contacta le chanteur français Maxime le Forestier, lui demandant l’autorisation d’adapter sa chanson “San Francisco” en kabyle, elle devient alors “Tizi Ouzou”. Ensuite, vinrent de nouvelles rencontres qui étaient inespérées pour Brahim, comme celle avec Idir, ils partent ensemble en tournée dans toute la France.
Et ce n’est qu’en 1981, qu’il se lance dans une carrière solo, et sort ainsi son premier album “Sacrifice pour un enfant”, et joue à la Cigale de Paris.
Le public kabyle découvrira le chanteur en écoutant la chanson “Dacu yi” sur les ondes de la Chaine 3. En France, il enchaine les galas et multiplie les collaborations dont une, avec le chanteur français Renaud dans un album qui ne verra jamais le jour. Mais Brahim, ne tarda pas à s’en lasser du milieu des paillettes, et changea carrément de métier pour devenir alors chauffeur de taxi à Paris.
Il fut profondément touché par les événements du Printemps berbère, et la révolte des jeunes kabyles en compagnie d’autres artistes ; il remplit le Zénith. Lors d’un concert dont la recette sera versée aux victimes du soulèvement.
Parce que la musique est sa passion, le chanteur kabyle se remet à l'écriture. Mais, en novembre 2003, la maladie le frappe. Les médecins, qui ont diagnostiqué un cancer du côlon, lui recommandent une chimiothérapie.
Brahim entame la première séance le 12 janvier 2004, le jour même de son anniversaire. Pour combattre la mort, il donne vie aux textes et à la musique que même ses médecins ne parvenaient pas, à l’empêcher de terminer son album. Obstiné, Brahim se rend aux studios en ambulance et supervise les enregistrements avec des bouteilles d'oxygène à portée de main, il a préféré mourir dans le studio plutôt que sur un lit d’hôpital.
Ses chants resteront à jamais gravés dans la mémoire, témoins de la grandeur de cet homme de culture, pour son engagement en faveur de la Kabylie et de la liberté. Brahim, le militant des causes justes ne mourra jamais parce qu’il n’est plus là, son verbe et sa musique resteront toujours écoutés par ses milliers de fans en souvenir toujours de cet homme d’exception.
Il a aimé sa Kabylie, cette dernière s’en souvient de lui, elle le porte dans son cœur, car elle est la seule, à rendre l’hommage qu’il faut à ses enfants qui la chérissent tant.
Louiza Kanache
Source: La Depeche de Kabylie du 06.01.2010