Plus de 50 médicaments manquent dans nos pharmacies.

Plus grave, des malades ont été contraints de réduire leur traitement sans avis médical à cause de cette lancinante pénurie.

Le marché des médicaments est malade de l’anarchie. Tel est le constat du Syndicat national des pharmacies d’officine (Snapo). «La pénurie est pratiquement permanente faute d’organisation au niveau du marché de médicaments», lance d’emblée le tout nouveau président du Snapo, Messaoud Belombri, dans une déclaration hier à L’Expression. «Ces pénuries récurrentes qui durent et perdurent depuis des années», poursuit-il, «touchent toutes les catégories de médicaments». Notre interlocuteur propose, de ce fait, de revoir le marché du médicament en procédant à une organisation fondamentale. Selon lui, «les sociétés de fabrication, d’importation et de stockage doivent respecter leurs engagements». «Mais si on reste dans les dispositifs actuels», avertit M.Belombri, «la facture d’importation de médicaments va monter en flèche». A ce propos, celui-ci a indiqué que «la facture d’importation de médicaments s’est chiffrée en 2008 à 1,8 milliard de dollars. Celle-ci a augmenté de 20% par rapport à l’année écoulée et ce, durant les 5 premiers mois de l’année en cours avec 700 millions de dollars».
A ce titre, le président du Snapo estime que «l’Etat doit jouer un rôle régulateur afin d’éviter la perturbation du marché des médicaments et ses pénuries car cette question concerne des millions de vies humaines». Vivant avec l’angoisse de ces pénuries, des malades se retrouvent contraints de réduire leur traitement sans avis médical. Ce qui se répercute négativement sur leur santé. Par exemple, au lieu de prendre trois comprimés par jour, le malheureux patient ne prend qu’un seul et ce, par économie. En ce qui concerne la liste des produits qui font défaut sur le marché, notre source affirme que celle-ci n’a pas changé avec «plus de 50 médicaments en rupture de stock». Le Syndicat national des pharmacie d’officine (Snapo) impute, en outre, cette situation au délai de contrôle, de publication et d’acheminement des médicaments avant leur mise sur le marché. «Certains produits ont été débloqués mais en quantités insuffisantes», a indiqué le président du Snapo. Selon le syndicat des pharmaciens d’officines, parmi les produits qui manquent: les insulines, le Loxen pour les hypertensions, Spasfon injectable, les hormones Uterogestone, les anticoagulants tels que Lovenox, Fraxitarine et Clenil pour les asthmatiques, les corticoïdes injectables tels que Célestene, Kenacort, Depomedrol, Tengesic pour le cancer, les contraceptifs tels que Microvar, minidril, Marvelon, Excluton, Cerazet, Deconase pour les allergies, Gadiscon, un pansement gastrique, la vitamine C, la vitamine A en collyre, la vitamine injectable B1 et B6, Titrane, un antibiotique urinaire, les laxatifs tels que Forlax et Normacol.
L’autre médicament qui connaît une rupture chronique, selon le syndicat, c’est le vaccin anti-allergique DPP. Cette crise des médicaments risque d’être fatale pour certains patients qui, depuis des mois, connaissent des problèmes de santé pour cause de perturbation de traitement. En attendant la stabilité dans le marché du médicament, les malades continuent de payer les frais de cette crise qui risque de durer encore longtemps.

Lynda BEDAR

L'Expression
02.09.2009