L’Assemblée populaire de wilaya de Boumerdès fait cas d’exception en matière de fonctionnement et de gestion des fonds publics.
Rien ne montre que cette assemblée élue est régie de la même manière et selon les mêmes règles que celles des autres wilayas du pays. Une simple comparaison permet de découvrir toute cette différence et son impact sur le développement local. Aujourd’hui, peu de gens mesurent les effets de certaines décisions politiques qui ont été prises au lendemain des élections de novembre 2007, pour éviter d’éventuelles dissidences au sein de l’assemblée et assurer l’unité des rangs cinq ans durant.
Le particularisme par lequel s’est distinguée cette assemblée est constaté d’abord dans le nombre (7) de vice-présidents et que l’on ne trouve dans aucune autre APW du pays. Ainsi, n’ayant pas obtenu la majorité des sièges–le FLN en a raflé 12 sur les 39 que compte l’APW-les élus de l’ex-parti unique ont décidé de trouver un commun accord en « attribuant » un poste de vice-président pour toutes les formations politiques y siégeant afin d’éviter d’éventuels désaccords. Mais la décision des élus FLN, à leur tête l’ex-P/APW, Mokhtar Si Youcef, devenu sénateur en décembre dernier, ne s’est pas limitée à cela. Les élus consentants ont bénéficié de « certains avantages et des primes » qu’ils ne trouveront nulle part ailleurs. Ils reçoivent cinq tickets de restauration par semaine, dont la somme d’un seul ticket est fixée à 750 DA. Soit l’équivalent d’un SMIG par mois et 18 millions par an pour chacun d’entre eux.
Cette cohabitation entre les compartiments politiques coûte 126 millions de centimes par an pour le Trésor public. Donc, si l’on s’était contenté de deux vice-présidents uniquement, qui seront détachés comme partout ailleurs, l’on aurait pu éviter un manque à gagner de 90 millions de centimes, une somme pouvant être utile pour le développement local. Sollicité pour « s’expliquer » sur cette situation, le nouveau P/APW, M. Boussaïdi (FLN) dira : « Ce mode de fonctionnement a été adopté dès le début. C’est un héritage et je ne veux pas déstabiliser les choses, bien que j’aie subi des pressions pour le faire. Outre cela, je pense qu’il est inutile de changer quelque chose qui a fonctionné le plus normalement du monde jusque-là. » Toutefois, notre interlocuteur semble avoir été trahi par sa mémoire, omettant de rappeler qu’il faisait partie des élus ayant cautionné et « spéculé » sur ce mode de fonctionnement.
Le comble dans tout cela, c’est que même les quelques élus de l’opposition (FFS-PT) y sont de la partie et n’ont manifesté aucun geste de désapprobation contre ces pratiques et cette manière de gérer qui ne collent plus avec les idéaux de leur parti. En sus de cela, il est à préciser que « ces élus avantagés » perçoivent également, au même titre que les autres membres de l’assemblée, toutes les primes prévues par la réglementation dans le cadre de leur travail et leur statut. Il y a trois mois, lors de la session consacrée pour l’approbation des PDAU des communes de Souk El Had, Zemmouri, Naciria…, certains élus ont demandé au P/APW de déclarer la cession ouverte afin de pouvoir bénéficier de 10 jours de primes, soit l’équivalent de 5900 DA pour chacun, alors que la session n’a duré que quatre jours uniquement.
El Watan
29.07.2010
Par Ramdane Koubabi