Le courrier d'Algérie
BOUMERDÈS
Baghlia : Asif n Sebaou menace la ville
Oued Sébaou, intensivement, exploité depuis longtemps, pour son sable, devient, de plus en plus une menace sérieuse pour la ville de Baghlia, dans la wilaya de Boumerdès. Le lit de l'oued en question ne cesse de se creuser, au fil des crues, pour atteindre un précipice de près de 20 mètres de profondeur. Cela est dû directement à la forte activité d'extraction du sable, une activité qui n'a jamais connu une régulation. Le phénomène fait peser une menace indéniable sur l'environnement local. À l'avenir, sans l'intervention, rapide, des autorités compétentes, pour arrêter, définitivement, ou tout au moins réguler convenablement le travail des pelleteuses, une catastrophe écologique serait inévitable. Les signes avertisseurs ne manquent pas mais, pour l'heure, ils ne sont pas encore assez catastrophiques pour mettre à mal la complaisante complicité des autorités avec les barons du sable. Pour rappel, Oued Sébaou est la limite naturelle de la ville de Baghlia. Son lit, en plus de la profondeur qu'il a pris, a aussi gagné en largeur, en comparaison avec ses limites, d'il y a un peu près une décennie. Il mesure par endroit une centaine de mètres de largeur. Notons que ce qui a donné un coup de starter à cette érosion effarante est bien, évidement, l'extraction massive du sable avec des pelleteuses. L'impact des chômeurs travaillant à la pelle n'aurait jamais une telle ampleur. Par ailleurs, pour saisir quel est le lien de cause à effet, il faut comprendre que plus l'extraction du sable est forte plus le lit de l'oued se creuse et sape les racines des arbres plantés sur les berges pour les protéger. Ce qui fait qu'avec les crues hivernales les arbres sont arrachés et avec eux des lopins de terres, constitués de limon, partent entiers envaser la mer. À l'heure actuelle les berges de Oued Sébaou ont perdu, à jamais, beaucoup de leurs espaces agricoles exploitables en vergers ou en culture maraîchères. Du côté de la ville, à la limite de l'urbanisation, l'endroit accueille, chaque année, des milliers de tonnes de terreau, un procédé qui a fonctionné jusqu'à ce jour, mais ne peut constituer une solution au problème. Force est d'admettre que même les travaux de gabionnage réalisé spécialement pour arrêter l'assaut des crues ne résistent pas aux furies du cours d'eau. La majorité des ouvrages ont été déstabilisés, et même détruits, à certains endroits, durant le premier hiver venu. Enfin, l'inquiétante situation impose l'arrêt immédiat et définitif du massacre écologique en cours, dans la vallée de Sébaou. Car, non seulement, la ville de Baghlia est menacée à terme, mais il y va aussi de la santé de la population régionale qui s'alimente en eau potable à partir des nappes phréatiques, situées dans le milieu fragile en question. D'autant plus que la solution de substitution à l'exploitation du sable de l'oued existe. Il suffit d'exploiter les gisements de carrières, dont la région regorge.
Mohamed Ghernaout