M’chedallah: Assif-Assemadh : Sauvez le Fort turc ! C’est l’unique vestige de la région de M’chedallah, construit en 1600 par les Turcs, soit à la même époque que celui de Draâ El Bordj à Bouira et celui de Sour-El-Ghozlane avec une différence de taille : le Fort turc d’Assif-Assemadh au lieu dit "Ilezazen " est encore intact.
Les raisons de sa préservation sont dues au fait qu’il a été occupé par plusieurs colons français après le départ des Turcs dont nous citerons quelques noms : Borner, premier successeur des Turcs, ensuite Saint-Sal, Rau et son fils Mimil derniers occupants de ce château — qui ont été délogés par l’armée coloniale en 1958 pour leur servir de caserne afin de surveiller les populations parquées dans un centre de regroupement aménagé à proximité du fort après avoir rasés leurs bourgades, soit douze agglomérations exactement .
A l’indépendance les propriétaires d’origine Ath-Hammouches (famille Aissaoui) qui ont été spoliées de leurs terres les ont récupérées par la suite. La surface sur laquelle a été bâti le château est d’une superficie d’environ 100 m2 a été laissée dans l’indivision pour, dira ammi Ahmed, né Hammouche, l’un des derniers héritier encore en vie, préserver ce château fort aux valeurs historiques avérées, et qui sera en mesure de se renouveler dans le temps et l’espace. Nul n’a le droit de le toucher,telle a été la décision prise d’un commun accord par les personnes âgées de cette famille pour sauver cet unique vestige historique de la région.
A l’heure actuelle, ce fort garde encore intact toute son architecture et même quelques boiseries et équipements construits en dur .C’est ainsi que nous y trouvons :deux guérites de garde dont le sommet est façonné en couronnes dans le pur style turc, une tour de ronde ceinturée par une palissade dans le même style ; ces deux ouvrages comportent des meurtrières,(fentes verticales) d’où peuvent tirer les soldats, un dinjon parsemé d’arcades, deux grandes salles dortoirs, et six chambres d’officiers, deux écuries, un réservoir d’eau, un four à faire cuir le pain, un atelier où exerce le maréchal-ferrant avec sa cheminée intacte et des scelliers. Tous les murs d’une épaisseur de 80 cm sont réalisés en pierre.
Situé dans un coin isolé, ce fort n’a jamais fait l’objet d’une quelconque inspection, racontent les riverains révoltés, ni recensé. On en trouve aucune trace de ce site de 04 siècles dans les archives des administrations locales et encore moins au niveau de la Direction de la culture de la wilaya qui ne s’est jamais manifestée pour recenser ou classer ce patrimoine national qui renferme un pan entier de la mémoire collective.
Lors de notre passage, ce dimanche de la semaine écoulée, au niveau de ce site, des citoyens suréxités se bousculaient pour nous orienter et nous servir de guide et nous faire visiter les moindres recoins dans l’espoir de nous voir faire réagir les autorités compétentes et attirer l’attention sur ce vestige historique unique en son genre dans la région de M’chedallah.
A l’entrée du large portail, on a l’impression de voyager à travers le temps.
Nul besoin d’être un spécialiste en la matière pour remonter l’historique de ce château, et lire comme dans un livre ouvert ce qu’il renferme comme histoire à travers son architecture, ses équipements,une forte sensation qui met l’imagination en position "débridée", à laquelle il est difficile de se soustraire.
Il a fallu être énergiquement secoué par l’un de nos compagnons pour mettre fin à la rêverie et nous ramener à la réalité. Malheureusement, des énergumènes animés de sentiments destructibles, ont commencé récemment à arracher des toitures en tuiles madriers et des planches pour leur utilisation ailleurs. Ce vestige ne nécessite que quelques travaux de rénovations pour sa préservation et, bien entendu, faire en sorte à ce que soit interdit l’accès à ces vandales sans âme ni cœur.
Lors de notre passage,des citoyens nous ont appris que des personnes étrangères à la région qui exercent le métier de jardiniers chez certains propriétaires de la localité ont élu domicile dans ce fort, il y a lieu d’agir vite pour sa sauvegarde et le soustraire aux mains de ces vandales. Il faut susciter la réaction des pouvoirs publics pour le classer patrimoine national.
Oulaid Soualah
Source: La Depeche de Kabylie du 23.07.2009