Les villes côtières de Tizi Ouzou fonctionnent «à l’ancienne»
Les plages agressées sous le regard complice des élusPhoto : A. Lemilli De notre correspondant à Tizi Ouzou
Le sujet de la pollution maritime ne constitue pas pour le moment un intérêt particulier pour les deux villes littorales de la wilaya de Tizi Ouzou : Tigzirt et Azeffoun. La raison est simple : à l’instar des communes de l’intérieur de la région kabyle, les villes côtières vivent un sous-développement économique
incommensurable qui ne permet pas au thème d’être abordé dans tous ses aspects. Tant mieux, diront les Verts en jachère qui activent dans des associations de bénévoles mais qui végètent faute de soutien de l’Etat. Pour preuve : les deux ports de récente conception et réalisation construits à Tigzirt et à Azeffoun
s’avèrent de la poudre aux yeux parce que ne permettant pas de développer dans les normes les professions liées aux ressources halieutiques. Ils risquent, ainsi, de devenir des sites pour les invétérés vacanciers et amateurs de la nage hors des plages surveillées. Les ressources sont peu et mal exploitées.
L’absence, donc, d’activités économiques importantes en mer et dans le pourtour du littoral de Tizi Ouzou ne suscite pas ce besoin de protection du rivage et de la surface maritime menacée par les rejets et quelques industries polluantes, selon les avis des experts dans le domaine. Si la plage du centre d’Azeffoun a été, autrefois, rendue insalubre pour toute villégiature à cause des rejets que déversaient les canalisations d’eaux usées de la ville, l’endroit est devenu fréquentable en été depuis trois saisons pour les dizaines de familles et d’estivants qui n’ont pas leur propre moyen de transport pour se reposer hors du chef-lieu de daïra. Une station d’épuration a vu le jour, mettant fin aux rejets sauvages et polluants et aux odeurs insupportables qui incommodaient habitants et passagers accentués par le rituel estival de manque d’eau. Mais un autre phénomène non moins dangereux et dégoûtant à voir est celui de décharges d’ordures ménagères qui se créent sur nombre de points de la côte kabyle comme si l’incivisme est érigé en modèle dans la société et l’inertie des collectivités un concept de gestion des affaires publiques. Entre
Dellys (Boumerdès) et Beni Ksila (Béjaïa),l’éblouissant bleu de la Méditerranée qui, d’habitude, détent automobilistes et flâneurs amoureux de la nature, est gâché par une multitude d’ordures déposées par des mains inconscientes au mépris de la loi et de l’environnement. Des emballages alimentaires, des bouteilles en plastique et en verre en passant par les sacs de la même consistance polluante, des
individus (sur ordre des collectivités locales ?) empilent leurs rejets à quelques mètres de la mer sans que cela soit puni ou fasse l’objet d’un quelconque débat au sein des mairies littorales. Complicités ? Gabegie ? Inconscience ? Les riverains font-ils quelque chose pour s’en débarrasser ? Fin juin dernier, les habitants du village Taddart, entre les communes d’Azazga et de Yakourène, avaient saisi le maire d’Azazga dont dépend la superficie polluée objet de leur mécontentement, pour lui signifier qu’une décharge provisoire devient permanente avec le temps, le laisser-aller et l’absence de vision environnementale et qui «se rapproche des maisons». Il s’agit, en fait, d’une décharge implantée au cœur de la splendide forêt de Yakourène par l’APC d’Azazga, soulevant la colère des riverains et des défenseurs de l’environnement. Le fait, en plus de constituer un danger certain pour la faune et la flore locales, est inimaginable dans l’esprit des habitants et des observateurs. Tous se demandent quelle sorte de génie possède l’auteur de cette décision qui ne serait pas prise par le pire ennemi de la nature. Une décharge de toute une commune à forte densité d’habitants (40 000 environ) dans la forêt de Yakourène est une fiction d’horreur
qui ne fait, malheureusement, pas peur aux élus et aux responsables locaux d’Azazga. Au moment où, en France, par exemple, des ports offshores, des
bateaux plus économes en énergie, un permis de pêche pour les plaisanciers sont envisagés dans le cadre du «Grenelle de la mer», initié par le ministère de tutelle pour limiter les impacts néfastes sur le littoral. Le groupe français qui a, en effet, travaillé sur le sujet avait déduit que les pollutions terrestres sont responsables à 80% de la pollution en mer. Il a proposé la mise en place d’un comité de bassin hydrographique qui va du sommet de la montagne à la haute mer afin d’agir sur toutes les sources susceptibles de pollution produites par l’industrie, l’agriculture et les rejets des activités économiques polluantes.
Et chez nous ?
Lakhdar Siad
Source: La tribune du 22.07.2009