Grippe porcine : l'épidémie progresse, la vigilance s'accroît
Moins d'une semaine après son
apparition au Mexique, la crainte d'une épidémie de
grippe porcine se répand dans le monde. En même temps que le virus a muté – pour être
aujourd'hui transmissible d'homme à homme –, il a passé les frontières.
Mardi 28 avril,
l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recensait
sept morts, toutes au Mexique, sur 152 décès suspects. Des cas ont été recensés aux Etats-Unis (64 cas confirmés), au Canada (6), en Grande-Bretagne (2) et en Espagne (2) et, mardi, en Israël (2), en Nouvelle-Zélande (3) et au Costa-Rica (1).
Aux Etats-Unis, le pays le plus touché après le Mexique, soixante-quatre cas ont été confirmés et onze millions de traitements antiviraux doivent être distribués. En France, vingt cas suspects étaient "en cours d'investigation" mardi en fin de journée. (Voir le bilan pays par pays Les Etats-Unis confirment 64 cas de grippe porcine)
Au Mexique, la vie s'est arrêtée. Dès lundi,
Mexico a fermé ses écoles jusqu'au 6 mai sur tout le territoire,
de la maternelle à l'université. Les autorités, qui estiment que "
le nombre de cas va augmenter", sont incapables de déterminer le lieu du foyer initial de la maladie, qui pourrait donner aux experts des indications précieuses sur les conditions d'émergence du virus "mutant".
L'OMS restait mardi après-midi "
en phase d'alerte 4", a indiqué son numéro deux, le Dr Keiji Fukuda, en soulignant que "la possibilité" de pandémie "est prise très au sérieux". L'organisation était passé lundi soir de 3 à 4 sur son échelle du niveau d'alerte, qui en compte 6, signifiant "une montée en puissance significative" du risque de pandémie. L'OMS pourrait par exemple "passer à la phase 5" en cas de confirmation de cas avérés endogènes aux Etats-Unis, a précisé un de ses porte-paroles. Un passage à la phase 5, avant-dernier niveau avant la déclaration de la pandémie, signifie que celle-ci est non seulement imminente mais surtout inévitable.
De nombreux pays ont pris des mesures de prévention. En dépit des assurances que l'absorption de porc cuit ne fait courir aucun risque,
plusieurs pays ont suspendu tout ou partie de leurs importations de porc. D'autres concentrent leurs mesures de prévention sur les limitations des voyages.
Le Japon a même conseillé à ses ressortissants de quitter rapidement le Mexique. Mardi, les voyagistes français, britanniques ou allemands ont suspendu les départs pour le Mexique.
Toutes ces mesures sont prises alors même que l'OMS a averti qu'elles auraient peu d'effets, en raison des progrès déjà réalisés par le virus. Lundi, sur Le Monde.fr, le chercheur Didier Raoult estimait que la France était "très en retard en ce qui concerne la lutte contre les infections respiratoires". Le scientifique évoquait un possible "désastre" et relevait que "nous n'avons pas aujourd'hui les structures adéquates et nous connaissons mal les conditions de transmission".
Le tourisme n'est pas le seul à souffrir des conséquences de la crise. L'OMS a beau recommander de parler de "grippe mexicaine", la filière porcine est d'ores et déjà touchée.
De façon plus anecdotique, l'inquiétude engendre aussi, sur Internet, les théories les plus folles. Le virus de la grippe porcine aurait-il été introduit délibérément pour limiter la croissance démographique mondiale ? Ou pour assassiner Barack Obama, qui était à Mexico le 16 avril ?
Source : Le Monde.fr