Voila un article pour toi ya Karri Achour, toi qui a passé des moments agreable avec eux, Dellys est parmi les villes ayant eu un groupe des SMA, entre 1938 et 1945
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C’est cette année, en décembre, que la ville de Tizi Ouzou devrait commémorer le soixante-dixième anniversaire de la création du groupe scout El Hilal, association qui, depuis son apparition, marqua de son empreinte la ville et dont sont issus quasiment la plupart des chouhada(1) de la ville.
Le pionnier du scoutisme musulman à Tizi Ouzou
Assurément, c’est à Rabah Boubrit que revint l’initiative de créer l’Association des Scouts Musulmans El Hilal. Celui qui est souvent considéré comme le pionnier du scoutisme musulman à Tizi Ouzou fit ses premières armes scoutes, si je puis dire, en effectuant un stage, vers 1931, chez les Eclaireurs unionistes de la mission Rolland, à Tizi Ouzou.
Comme il assimila parfaitement, au bout de quelques mois, la pratique scoute, il fut nommé chef de patrouille. Après avoir eu l’accord du responsable du groupe scout, protestant pour constituer sa patrouille en recrutant des jeunes de son âge et dans la perspective, dissimulée au départ, de voir se réaliser son vœu, une patrouille musulmane qu’il projetait de créer, il recruta quelques-uns de ses amis.
C’est ainsi que Omar Abouadaou, Ramdane Aït Amar et Belkacem Allouche rejoignirent Rabah Boubrit qui prit en charge leur formation, surtout qu’il les destinait à l’encadrement du groupe qu’il envisageait de créer. A l’insu de ses hôtes de la mission Rolland, c’est cette patrouille des Aigles qui constituera l’ossature du groupe El Hilal, dont l’agrément fut obtenu en décembre 1938.
Il y a lieu de rappeler ici que les deux années qui ont précédé l’avènement de Faoudj El Hilal ont été déterminantes, en ce sens qu’elles permirent à Rabah Boubrit, qui était alors sous les drapeaux (service militaire à El Harrach), de recueillir, dès 1936, auprès de Mohamed Bouras conseils et renseignements nécessaires à la réalisation de son projet.
C’est d’ailleurs à partir de ces premiers contacts qu’allait se nouer entre les deux jeunes hommes « une solide amitié et une franche collaboration, dont le scoutisme musulman algérien naissant allait tirer un grand profit ». Une anecdote, souvent rapportée par les anciens, montre à quel point les relations qu’entretenait Mohamed Bouras avec ses amis tizi ouziens étaient fortes au point qu’il lui arrivait de venir fréquemment à Tizi Ouzou et cela à vélo.
Le fait est, qu’au cours de l’une de ses visites, pas loin du village d’Haussonvillers (Naciria aujourd’hui), il perdit sa chéchia à la suite d’un coup de vent. Comme pour ses hôtes de Tizi Ouzou, c’était presque un sacrilège que d’accueillir Mohamed Bouras sans son couvre-chef, par courtoisie vis-à-vis de leur invité, ils reprirent son chemin jusqu’à retrouver sa coiffure et la lui rapportèrent.
Une fois agréée, l’association ouvrit son local au public et commença à recruter les jeunes. Des sympathisants venaient aussi pour prodiguer des encouragements ou offrir leurs services aux chefs de Faoudj El Hilal. Parmi eux justement, le groupe scout va trouver deux jeunes gens, Mohamed Seghir Feredj et Mohamed EI Kechaï, dit Si Moh Toutah, qui, l’un en tant que morchid et l’autre en tant que chef de meute, viendront étoffer l’équipe de ses membres fondateurs.
Premier défilé à Tizi Ouzou
Selon ce qui a été rapporté par des témoins de cet événement historique, c’était au début du mois de mai 1939 et la fête du Mouloud offrit l’occasion au groupe El Hilal de se montrer publiquement à la population tizi ouzienne.
Le défilé fut minutieusement préparé au point que les organisateurs se sont assurés le concours de la fanfare du Riadha Club de Belcourt d’Alger. Au signal du chef Rabah Boubrit, et dans un ordre parfait, le défilé s’ébranla, précédé par la fanfare. Marchant au pas, les scouts traversèrent la grande rue (avenue Ramdane Abane actuellement) sous les regards étonnés des Européens.
Ensuite, le cortège remonta vers la haute-ville (dechra), où il fut accueilli par les applaudissements et les acclamations des hommes et par les youyous des femmes. C’était incontestablement le début d’une nouvelle ère et d’un avenir de liberté et de dignité pour les Algériens. Groupe phare de la région A l’échelle régionale, le groupe EI Hilal a joué un rôle de missionnaire en diffusant l’idéal scout. « Par ses fréquentes sorties et par les camps qu’il organisait en différents points de la Kabylie, il suscita l’émulation des jeunes qui venaient demander conseils et aide pour la création de nouvelles unités scoutes. » C’est ainsi qu’en l’espace de quelques mois, une vingtaine de groupes se formèrent dans les principaux centres urbains et villages de la région. Parmi les villes ayant eu un groupe des SMA, entre 1938 et 1945, il y a Dellys, Bordj Menaïel, l’Arbaâ Nath Irathen, Aïn El Hammam, Abbouda, Ouacif, Tassaft, Aït Saâda, Beni Yenni, Tizi Rached, Yakouren, Draâ EI Mizan, Bouzeguène, Tamaâssit (Aghrib) et Lakhdaria, et cette liste est, loin d’être exhaustive.
Naissance de la Fédération des SMA
Le groupe El Hilal fut incontestablement parmi les premières formations qui ont œuvré à la réussite du scoutisme musulman et à son unification. Ce groupe a obtenu des résultats significatifs, dont le plus méritoire « fut d’avoir formé des cadres qui jouèrent un rôle important dans les instances des SMA ». Le témoignage de certains acteurs de ce moment important dans l’histoire du mouvement scout algérien et, par conséquent, de l’histoire de notre pays, nous apprend que l’unification des différents groupes ne fut réalisée que par la création de la Fédération des SMA.
L’initiative de sa création revenait à Mohamed Bouras, après avoir parcouru le pays pour s’assurer de l’adhésion des groupes existants. La Fédération fut agréée le 23 avril 1939, Mohamed Bouras a été élu président et Rabah Boubrit conseiller technique.
Premier camp fédéral des SMA
L’organisation de ce premier camp fut laborieuse, mais très efficace. Grâce aux efforts et à l’abnégation de quelques chefs, dont Rabah Boubrit et Mohamed EI Kechaï, toutes les difficultés furent surmontées.
Les Scouts musulmans, réunis pour la première fois en ce mois de juillet 1939, ont vécu intensément la vie de camp, à travers ses diverses activités techniques et culturelles. L’intérêt majeur de ce camp aura été d’avoir permis à des jeunes, venus de toutes les régions d’Algérie, de se rencontrer et de se connaître. Le mouvement scout a une place privilégiée dans le devoir de mémoire, lequel est totalement lié à l’histoire de la ville de Tizi Ouzou et du mouvement nationaliste algérien.
Note de renvoi : - (1) Durant la guerre de Libération nationale, la ville de Tizi Ouzou a perdu, parmi ses enfants, 121 chouhada, morts au champ d’honneur, dont un grand nombre a fait partie du groupe El Hilal. Sources : Bouamrane Chikh & Djidjelli Mohamed, Scouts Musulmans Algériens (1935-1955), Sarl Dar EI Oumma, Alger, Première édition février 2000. Boubrit Rabah & Feredj Mohamed Seghir, Témoignage sur la naissance du scoutisme musulman à Tizi Ouzou et la création de la Fédération des scouts musulmans algériens, document dactylographié, non daté.
El Kechaï Mohamed, 60 années de lutte ou la longue marche d’un chef scout musulman volontaire du Croissant-Rouge, Imprimerie Aurassi, Draâ Ben Khedda, mars 1997. Feredj Mohamed Seghir, Histoire de Tizi Ouzou, des origines à 1954, En.A.P. édition, Alger, 1990. L’auteur est membre fondateur de l’Association des anciens scouts et amis des scouts de la ville de Tizi Ouzou
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com