Quand la pomme de Baghlia détrône la golden d’outre-mer
Baghlia, qui est traversée par le célèbre
Oued Sebaou, est en passe de devenir l’une des communes les plus riches en arboriculture et viticulture en Algérie.
En arrivant à Baghlia (
ex-Rebeval), le regard du visiteur est attiré par un mur de végétation d’une longueur d’un kilomètre constitué d’immenses
platanes centenaires. Ces arbres dits “
platane d’Orient” avec
deux mètres de diamètre,
âgés de 140 ans, constituent un refuge pour les oiseaux migrateurs, notamment la
cigogne blanche dont plus de deux cents espèces nichent encore sur ces arbres jalousement préservés par les habitants de la ville.
Et dire qu’en
1995, profitant de la situation d’
insécurité qui régnait alors dans la région, un
pseudo commerçant en bois, appuyé par certains responsables, a
failli commettre l’irréparable en voulant abattre ces arbres. Il a fallu la combativité et la fierté des citoyens de Baghlia pour que ces platanes soient sauvés et le crime évité.
Mais Baghlia, qui est traversée par le célèbre Oued Sebaou, est en passe de devenir l’une des
communes les plus riches en arboriculture et viticulture en Algérie. La
pomme “
hanna”, de son vrai nom “
anna”, une nouvelle variété de pommiers introduite en Algérie, ainsi que le raisin de table “
la sabele”, autre variété née de la famille
muscat, sont les deux fruits qui ont sorti cette paisible localité de l’anonymat. La “hanna”, connue aussi sous le nom de la “
pomme de Baghlia” s’est imposée ces dernières semaines dans tous les marchés du pays, à tel point qu’elle a fait oublier la golden d’outre-mer. Vendue entre
20 et
50 DA le
kilogramme, cette variété fait actuellement le bonheur des petites bourses. “Cette variété sera présente en grande quantité et avec tous ses calibres durant le Ramadhan”, nous rassure Karim, un agriculteur de la région qui a énormément misé sur la vallée du Sebaou pour développer l’arboriculture.
En plus de la “hanna”, les agricultures cultivent d’autres variétés de pomme, comme la “
galaxie”, la “
borckfild” ou la “
Fidji” du Japon. Plus de
668 hectares sont consacrés à l’arboriculture dans la région de Baghlia qui dispose d’une surface totale estimée à
3 718 hectares, dont
3 006 hectares sont travaillés, mais seulement
694 hectares irrigués. Les
vignobles occupent la première place avec
1 074 hectares qui représentent une production de 20 339 tonnes de raisin toutes variétés confondues. Vient ensuite le
pommier avec
244 hectares pour une production de 5 275 tonnes, suivi du
melon avec
241 hectares pour une quantité estimée à 5 795 tonnes.
Baghlia est aussi riche par d’autres productions agricoles, comme le
poirier,
l’olivier, la
pomme de terre, les
agrumes entre autres. La commune de Baghlia est aussi célèbre par son lait caillé “
rayeb” et cela, grâce aux
1 365 vaches laitières disséminées un peu partout chez les fellahs et les éleveurs de la région. Selon le
maire de la commune,
M. Mohamed Idir, plus de
3 606 870 litres de lait produits chaque année, soit la
plus importante quantité enregistrée
au niveau de toute la wilaya de Boumerdès.
Le maire déplore les problèmes d’irrigation rencontrés ces derniers temps par ses agricultures, notamment dont les surfaces agricoles sont situées à proximité de Oued Sebaou. Ces fellahs sont empêchés ces derniers temps de creuser des puits superficiels dans le lit du oued sous prétexte que leurs engins seraient utilisés pour le pillage de sable. “Pourtant, nous avons expliqué à tout le monde que nous n’avions rien à voir avec ces problèmes de sable”, nous dira un fellah de la région qui a saisi l’occasion de notre présence sur les lieux pour lancer un appel aux autorités locales, leur demandant de les autoriser à reprendre leurs opérations d’irrigation nécessaires à la survie de leur production et à la préservation de la vocation agricole de toute la région.
Source : Liberté du 25-08-2008