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 La décrue de la peur

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murien

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Nombre de messages : 197
Date d'inscription : 20/01/2008

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MessageSujet: La décrue de la peur   La décrue de la peur Icon_minitimeLun Fév 11 2008, 18:30


édition du 12 février 2008


La décrue de la peur

Force est de relever le courage de ces fonctionnaires qui n’ont pas hésité à revêtir l’habit de syndicalistes indépendants pour affronter les pouvoirs publics historiquement hostiles à tout ce qui ne baigne pas dans la culture du syndicalisme unique. Ils n’ont pas craint les représailles de leur administration, comme les travailleurs qui ont suivi leurs mots d’ordre et observé les grèves. Collectivement ou individuellement, les Algériens ne sont plus tétanisés par l’autorité. Ils affrontent celle-ci, sans hésitation, dès lors qu’ils sont convaincus qu’elle est porteuse d’injustice et de violence gratuite et contraignante. La hogra est ce mot bien algérien, presque intraduisible, inscrit au cœur de toutes les révoltes. Celle d’émeutiers barrant une route pour protester contre une liste douteuse de bénéficiaires de logements sociaux, ou de lycéens courroucés par des programmes inutiles et surchargés risquant de compromettre leurs examens. Ou encore de jeunes et moins jeunes, la tête sur les épaules mais ne pouvant plus supporter leur condition de chômeurs ou de hittistes : en harraga, ils bravent les autorités de leur pays ainsi que celles de l’Etat où ils rêvent de vivre. En s’accélérant, la décrue de la peur forge une autre Algérie. Octobre 88 avait été le signal le plus fort en mettant fin à l’ère de la glaciation incarnée par le FLN et en ouvrant l’Algérie à la politique. Le prix a été fort : des milliers de poitrines nues face aux armes du régime de l’époque adossé à des forces répressives possédant déjà à leur actif la répression du printemps berbère et la chasse à tous les progressistes plaidant ou œuvrant pour une alternative au parti-Etat. Lorsque la terreur intégriste s’abattit sur l’Algérie avec son lot de victimes, la peur et le désespoir finirent par laisser la place à la rage de vivre. La résistance populaire fit reculer la barbarie et le pays, bien qu’isolé et boycotté par le monde entier, sortit de l’ombre offrant en exemple ses résistants, ses patriotes, ses soldats et de grands hommes du monde politique et intellectuel. Mais la vitalité et l’avancée de la société algérienne n’arrêtèrent pas d’être contrariées par la tentation des puissants de toujours réinstaller un pouvoir fort fonctionnant par lui-même et pour lui-même. Bravant la peur, le « mouvement citoyen » de Kabylie cria sa colère mais il paya le prix du sang à ce qu’il portait comme revendications culturelles des plus légitimes. En tendant la main aux intégristes et en pardonnant leurs crimes aux assassins, les autorités réintroduisirent une peur ancienne, celle de la décennie de la terreur. Coup de grâce enfin, la volonté de refuser à l’Algérie un principe sacro saint des pays démocratiques : l’alternance au pouvoir. En dépit d’un bilan politique et social fortement contesté et des rendez-vous électoraux massivement boycottés, le régime entend s’installer durablement par le biais d’une grave infraction constitutionnelle. Mais la société saura, cette fois-ci encore, dire son mot.

Ali Bahmane
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